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Lundi, c'est shibari - Part I

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Je suis sur seule sur mon balcon, assise, mon ordinateur sur les genoux. Il y a 24h tout juste, j’étais sous la lumière tamisée et le regard d’inconnus, habillée de cordes, reliée au sol uniquement par le genou gauche.

 

 

Je m’étais inscrite à cette soirée sur Wyylde avant de partir en vacances. Et puis le soir venu, la motivation me quittait. Mon amie avec qui je devais y aller fait faux bond et la fatigue de la reprise du boulot se font écho. Alors que je trainasse à trier des photos, les chances d’y aller s’amenuisent.

Et soudain, une volonté sortie de nulle part me surprend. Le RDV est dans 20 min, je me lève, saisis un sac avec une paire de chaussures, un pull et sors de chez moi. Je chevauche mon fidèle destrier pour traverser la ville, en me disant que ça sera bien la seule chose que je vais chevaucher ce soir. Ces temps de liberté surveillée ne m’inclinent guère aux sauteries avec des partenaires aléatoires.

J’avais oublié comme il est rapide de traverser cette ville, on est plus à Paris ma cocotte, et ici les distances sont à taille humaine.

 

Me voilà donc, devant la porte de ce sauna que j’ai déjà franchie quelques fois, dans un autre temps, celui de l’insouciance. J'hésite, le masque à la main, pas celui des soirées à la Eyes Wide Shut, pas du tout… Je le mets, je le mets pas ? Quel contraste saisissant tout de même. Je suis prête à entrer dans un lieu fait pour se rencontrer, se toucher, j’ose dire s’embrasser. Réduire les distances et casser les barrières. 

 

A l’entrée la charmante propriétaire des lieux se présente, me montre les parcours fléchés au ruban adhésif sur le sol, m’explique que le nombre de personnes dans le jacuzzi est limité, le masque obligatoire pour déambuler. Je suis rassurée, et tellement désespérée de l’être. Je me déshabille complètement, remets le masque, et le paréo. Quelle folle époque nous vivons.

 

Screenshot_2020-07-11 Le bar Les bains de saint aubin

 

Je rejoins le bar, il y a quelques personnes qui discutent autour d’un verre, je m’installe, intègre une conversation à côté de moi. Toutes ces banalités et ce naturel que j’adore Le temps y est suspendu, il n’y a pas d’impatience, ni d’envies encombrantes.

 

Notre hôte pour la soirée surgit et nous invite à le suivre. C’est Dom. Torse nu, jupe en cuir, tatouages maoris. Nous prenons sa suite et nous découvrons une pièce secrète, un tout nouveau monde qui s’offre à nous. Assis en tailleur autour d’un tapis central, nous écoutons attentivement ses explications sur l’art japonais de l’attachement, le shibari, le kinbaku. Il y a les novices comme moi. Mais aussi son élève depuis 1an et demi, une complice qui est déja passée entre ses cordes. Et sa partenaire de jeu et de vie, celle qui m’a acceuilli à mon arrivée.

 

Screenshot_2020-07-11 Shibari Les bains de saint aubin

 

 

Je pensais venir pour apprendre quelques noeuds de base, mais ce n’est pas l’objet de la séance d’aujourd’hui. Il demande un.e volontaire pour se faire attacher, j’accepte sans hésitation. Je n’ai pas réfléchi, et je me demande quand même ce que je fais là, à genoux, nue devant ces inconnus en cercle autour de moi, dans les bras et à la volonté de cet homme que je ne connais pas. IL me pose des questions de securité sur ma santé, mes articulations, mes muscles etc. 

 

Ai-je déja été attachée ? 

Je me rappelle mon premier encordage, un petit tout simple, effectué par un duo tendrement maladroit. Et puis ma petite merveille qui fait des merveilles, qui a les cordes dans la peau, avec qui j’adore m’abandonner. 

Est-ce que je veux les yeux bandés ? 

Non, je veux être là, tout voir. 

Quelle est ma resistance à la contrainte ? 

Je n’ose pas dire qu’elle est plutôt bonne, je réponds que je ne sais pas. 

Des jeux de cravaches, plumes ? 

Un oui faussement timide sors de ma bouche.

 

La séance démarre donc et je me laisse faire. Les premiers contacts avec les mains de Dom sont agréables, entre caresses et massages. Les cordes sur ma peau me réconfortent, alors que la proximité avec son visage me met plutôt mal à l’aise. Il me positionne à genoux recroquevillée, puis relevée le dos contre son torse. Les cordes rouges passent devant moi, enserrent mon torse. Il m’attache les bras croisés dans le dos. Je scrute le moindre de ses gestes, ne sachant pas du tout ce qui m’attends. La pression de la restriction est forte, plus que tout ce que j’ai déja vécu. 

 

Il me demande si ça va.

Oui.

Même si je suis encore dans l’apprehension et que je sens bien que je ne suis pas vraiment détendue, j’apprécie la sensation d’être serrée entre ses cordes, restreinte dans mes mouvements. Puis il me fait relever une jambe pliée. je me laisse un peu plus aller puisque je sais ce qu’il fait, ces attaches autour de la cuisse je les connais pour les avoir vécues avec ma merveille. Et puis une nouvelle appréhension me fait me tendre lorsque je l’entends traficoter quelque chose au plafond. Il tire sur une corde et je me sens soulevée légèrement par le dos, je touche encore le sol. 

 

Ca va ?

Oui.

Il me soulève ensuite par la cuisse attachée, ce qui a pour conséquence de me faire basculer complètement sur le côté, et d’en finir avec mes vaines tentatives de conserver un semblant d'équilibre. Mon corps ainsi pendu tournoie sur lui-même. En me retrouvant face au miroir, qui jusqu’a présent me tournait le dos, j’aperçois une magnifique composition. Cet arnachement, la position, la lumière tamisée bleue et rouge. J’ai du mal à me dire que c’est moi suspendue aussi élégamment. Le pied de la jambe laissée libre maintenu en l’air par une nouvelle corde me stabilise. 

Là commence une session de pinces qui viennent enserrer les tétons, une baguette claque doucement sur la plante du pied, une cravache donne un petit coup sur les fesses, une plume alterne caresses et chatouilles.

Etrangement, les endroits de mon corps d’habitude très sensibles le sont moins, les zones peu érogènes le deviennent.. 

 

Ca va ?

Une douleur au niveau du poignet pointait depuis un petit moment, j’ai essayé de l’ignorer mais désormais elle me gache un peu les sensations car mon attention se focalise dessus. Il deplace une corde ce qui a pour effet d’apaiser la douleur mais d’en créer une au niveau de l’épaule…

 

Est-ce qu’on continue ? 

Non.

C’est bon pour moi. Et là quand il me repose au sol, le millier de petites tensions accumulées se libèrent d’un coup, comme si je me répendait sur le sol mais hors de mon corps. Une cascade qui se reveille, je n’ai pu retenir un gemissement. Tout le monde applaudit alors que je suis encore essouflée, recroquevillée, le visage contre le tapis. Tout ces gens qui avaient été supprimés de mes perceptions sans que je m’en aperçoive. Un peu comme le temps qui n’a plus eu de prise sur moi, la session a duré 10min ? 2h ? Je ne saurais pas le dire.

Même une fois au sol, chaque petit noeud défait libérerait un peu de vie dans une partie du corps déclenchant une vague de plaisir supplémentaire. 

 

La session se termine par une nouvelle salve d’applaudissements, et une discussion pour partager mes ressentis avec les spectateurs.

 

Il demande d’autre volontaires pour un nouvel encordage. Je reste pour regarder et ce qui m’attendait alors allait être tout aussi intense que ce que je venais de vivre.

 

 

 

 

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à suivre


Merci à Dom et Summer pour ces moments, (photos issues de  leur site , n'hésitez pas à visiter)

A très vite



11/07/2020
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