libnoa

Je sors de ma nuit de réveillon. Un réveillon sans musique, sans festin, sans alcool, mais en compagnie d’êtres pleins d’énergie et de bienveillance. L’uniforme dans le sac transporte avec lui les restes de sang et d’urine, stigmates d’une nuit à s’occuper de personnes pas très en forme, malades, blessées. On a apporté ce qu’on pouvait de réconfort sur cet entre 2 années un peu particulier. 

Etrange me direz-vous pour un début d’histoire de cul ? C’est pour vous planter le décor, et vous décrire un peu ce qui m’emplit en ce matin de 1er janvier ensoleillé. Je pédale le long du fleuve dans les premières lueurs du jour, je reflechis. Que faire, rentrer chez moi ?

Quand je leur ai dit que je n’étais pas dispo pour leur soirée débauchée, j’ai aussi ajouté “je viendrais pour l’after”. Sans vraiment y croire.

Mais là maintenant, avec toute cette énergie positive à l’interieur de moi, je me dis que la partager pourrait ne pas être une mauvaise idée.

La boulangerie est ouverte, c’est un signe, je prends…. 10 croissants, ça devrait être suffisant.

Je laisse mon vélo, prends un Uber, et me voilà devant leur porte.

Elle avait laissé la porte ouverte pour moi “Tu entres quand tu veux, tu prends une douche, tu squattes un lit pour dormir si besoin”. Elle est adorable. C’est elle aussi qui me donne l’envie, de venir, de rester. Et lui aussi. Un doublé de générosité finalement bien en accord avec ma nuit…

J’entre dans le salon, un mélange de corps assoupis repose sur des matelas au sol. Des têtes inconnues se lèvent à mon arrivée. “Je viens déposer les croissants” Et je ressors pour rejoindre la salle de bain.

Lorsque je pénètre une deuxième fois dans ce salon, je découvre un peu qui sont les protagonistes allongés. Ils sont un peu plus réveillés. Je vois dans une lumière tamisée l’arrière du crâne de deux hommes qui, jambes allongés, profitent de deux têtes chevelues s’agitant sur leurs entrejambes.

“Ne vous gênez pas pour moi”. 

J’aime cette nonchalance assumée dans une situation pour le moins pas banale.

Je prends place sur un bout du canapé, assise les genoux dans les bras, un peu en hauteur, j’observe. 

J’aime ce léger trouble que je provoque en les dévorant des yeux ainsi. 

Ils tournent la tête vers moi, elles ne s’arrêtent que quelques secondes chacune pour me voir. J’ai capté les 4 regards, et mon dieu, qu’ils me donnent envie. Après une nuit qui a du être bien agitée, j’admire la vigueur avec laquelle elles aspirent les queues de leurs hommes. Oui, il y a des gestes qui ne trompent pas, il s’agit de deux couples. 

Finalement, on a fait connaissance rapidement, car quand la maitresse de maison arrive une petite demi heure plus tard, elle me salue d’un long baiser alors que je suis assise, un verre de champagne à la main, un des deux garçons entre mes cuisses. Ok il est 10h du matin, mais j’ai pas encore fêté la nouvelle année. 

Et lorsque Lui se lève, il assène un “ben dis donc” alors que je suis en train de chevaucher ce même garçon, j’arrive à prononcer un saccadé  “bonjour mon Juju, bonne année”.

Je ne sortirai de cette antre que 7 heures plus tard… Sans avoir fermé l’oeil un instant.